Interdiction de Gérer : Comprendre et Prévenir les Sanctions du Dirigeant

Vous avez fondé votre TPE/PME avec passion, investi temps et énergie, et pourtant, les difficultés financières ont surgi, parfois sans crier gare. Ne pas déclarer la cessation des paiements à temps, poursuivre une activité déficitaire ou négliger votre comptabilité… Ces erreurs peuvent entraîner l’interdiction de gérer, une sanction grave qui prive le dirigeant de toute fonction de direction jusqu’à 15 ans. Pas de panique : démystifions ensemble ce risque et voyons comment l’anticiper.

Les causes principales de l’interdiction de gérer

En France, l’article L. 653-8 du Code de commerce définit les fautes de gestion pouvant mener à l’interdiction de gérer. Parmi les plus fréquentes :

  • Non-déclaration de cessation des paiements dans les 45 jours (art. L. 631-1).
  • Poursuite abusive d’une exploitation déficitaire au détriment des créanciers.
  • Usage abusif des biens sociaux à des fins personnelles.
  • Tenue irrégulière ou fictive de la comptabilité.
  • Retard dans l’engagement de procédures collectives (sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaire).

Par exemple, un artisan qui laisse filer les 45 jours après la cessation des paiements sans déposer de dossier au tribunal risque une interdiction allant jusqu’à 15 ans. Cet obstacle l’empêche de rebondir et de diriger une nouvelle structure.

Les conséquences pour le dirigeant

Une fois prononcée, l’interdiction de gérer implique :

  • Incapacité de diriger, gérer, administrer ou contrôler toute entreprise commerciale, artisanale ou agricole, directe ou indirecte, pendant une durée maximale de 15 ans (art. L. 653-1).
  • Déchéance des droits sociaux (droit de vote, obligation possible de céder ses parts).
  • Inscription au Fichier national des interdits de gérer (FNIG) et mention éventuelle sur le casier judiciaire.
  • Sanctions pénales en cas de gestion malgré l’interdiction : jusqu’à 2 ans de prison et 375 000 € d’amende (art. L. 654-15 du Code de commerce et art. 434-40-1 du Code pénal).

Au-delà du volet judiciaire, la stigmatisation et la perte de réputation freinent durablement toute envie d’entreprendre.

Comment prévenir l’interdiction de gérer

La bonne nouvelle, c’est que la plupart des fautes peuvent être évitées grâce à une gestion rigoureuse et une anticipation des difficultés.

  • Déclarez sans tarder votre cessation des paiements dans les 45 jours, pour bénéficier de la période d’observation et geler vos dettes.
  • N’exploitez pas abusivement une activité déjà en situation déficitaire, au risque d’aggraver le passif.
  • Tenez une comptabilité complète, régulière et sincère, en conservant tous les justificatifs.
  • Anticipez les procédures collectives (conciliation, sauvegarde) dès les premiers signes de tension de trésorerie.
  • Faites appel rapidement à un expert (avocat spécialisé, mandataire judiciaire) pour sécuriser chaque étape.

Dans notre exemple de magasin de vente de plantes, l’entrepreneur a tardé à regarder au-delà du chiffre d’affaires mensuel. En pilotant la marge, en anticipant la TVA et l’URSSAF, il aurait pu déposer une Déclaration de Cessation des Paiements « béton » et éviter la spirale d’emprunts successifs.

L’accompagnement expert, clé du rebond

Lorsque les dettes dépassent plusieurs dizaines ou centaines de milliers d’euros, seul un professionnel saura :

  • Établir un diagnostic précis de votre situation financière.
  • Préparer une Déclaration de Cessation des Paiements solide devant le tribunal.
  • Négocier les délais de paiement et les abandons partiels de dettes.
  • Monter un plan de redressement réaliste (8 ans par exemple) et défendre votre dossier devant le juge.
  • Vous accompagner dans la réorganisation de votre activité (externalisation, charges variables, pilotage renforcé).

Dans notre scénario, l’expert en restructuring a permis de geler une dette de 400 000 €, de négocier un échéancier sur 8 ans et de conserver le contrôle de l’entreprise sans engager immédiatement les cautions personnelles. Résultat : un cap retrouvé et une sérénité renouvelée.

Les recours et possibilités de levée de l’interdiction

Si l’interdiction de gérer est prononcée, tout n’est pas perdu :

  • Appel de la décision devant la cour d’appel, pour obtenir un réexamen du dossier.
  • Relèvement de l’interdiction (art. L. 653-11 du Code de commerce) après plusieurs années de bonne conduite, sous le contrôle du tribunal.
  • Réhabilitation personnelle dans le cadre de la faillite personnelle, pour retrouver vos droits sociaux et entrepreneuriaux.

Ces procédures sont complexes et nécessitent un dossier solide : témoignages de créanciers, respect scrupuleux du plan, et souvent l’assistance d’un avocat spécialisé.

Agissez maintenant : Demandez votre consultation gratuite.

Foire aux questions (FAQ)

Qu'est-ce qu'une interdiction de gérer ?

L’interdiction de gérer est une sanction civile et pénale prononcée par le tribunal lorsqu’un dirigeant commet une faute de gestion grave au cours d’une procédure collective. Elle s’appuie sur les articles L. 653-1 et L. 653-8 du Code de commerce. Vous perdez le droit de diriger toute structure entrepreneuriale pendant une durée pouvant atteindre 15 ans. Cette décision vise à protéger les créanciers et le tissu économique local.

Concrètement, vous êtes inscrit au FNIG et vous ne pouvez plus exercer de mandat social, ce qui limite fortement votre mobilité professionnelle. L’inscription sur le casier judiciaire, possible en cas de faute lourde, renforce l’impact sur votre réputation.

Comment éviter une interdiction de gérer ?

La prévention passe par une veille financière permanente et l’anticipation des signaux de détresse : suivi des flux de trésorerie, respect des échéances sociales et fiscales, tenue rigoureuse de la comptabilité et recours rapide à un expert dès les premiers signes de tension. Déclarer la cessation des paiements dans les 45 jours reste le réflexe vital pour bénéficier des mécanismes de sauvegarde ou de redressement.

En vous appuyant sur un avocat ou un mandataire judiciaire, vous sécurisez chaque étape et réduisez drastiquement le risque d’un rejet de votre dossier ou d’une sanction ultérieure.

Puis-je créer une nouvelle entreprise après une interdiction ?

En principe, l’interdiction de gérer vous empêche de créer, diriger ou administrer toute entreprise pendant sa durée. Toutefois, vous pouvez demander le relèvement judiciaire (art. L. 653-11) ou la réhabilitation personnelle pour retrouver vos droits. Ces procédures nécessitent de démontrer votre bonne foi, le respect du plan de redressement et une rupture avec les pratiques passées.

Une fois le relèvement obtenu, vous redevenez libre de toute fonction de direction et pouvez relancer un projet entrepreneurial, fort de l’expérience acquise et d’un plan financier plus solide.

Retour au blog

Laisser un commentaire